L’Epis, un cocktail savoureux signé Leitz |
Après une petite pause photographique de plusieurs jours pour souffler un peu dans cette frénésie « collodionnesque », j’ai eu à faire face à un mystère aujourd’hui encore non élucidé : impossible d’avoir une image sur mes plaques malgré tous mes efforts et mes essais pour le résoudre!
Dépité, j’ai donc décidé de vérifier mes chimies, et dans la foulée d’équiper mon studio d’éclairages plus doux (softbox) et plus puissants (1600w). J’ai pu également équiper ma chambre DIY d’un objectif plus apte au portrait, sans pour autant me ruiner dans un Petzval en laiton.
Chimie
Mes déboires sont intervenus inopinément. Du jour au lendemain, plus rien n’a fonctionné : mes plaques (verre, ferrotype) ressortaient non exposées. Pourtant le collodion était le même, la sensibilisation au nitrate d’argent correctement effectuée (plaque recouverte d’un blanc laiteux), le développeur était le même (ma formule au vinaigre blanc, sulfate de fer, alcool) et le fixateur idem.
J’ai donc tout checké : les chambres, les objectifs, l’exposition, le bain d’argent (filtration), 2 versions de développeur, rien n’y a fait. J’ai quand même juste une seule piste : pour la première fois, j’avais filtré mon bain de nitrate d’argent (juste avant mes déboires) non pas avec un filtre à café comme je le fais d’habitude mais avec un mouchoir jetable blanc. Le problème viendrait-il de là? Ayant un doute, j’ai senti ces mouchoirs (qui sont en principe à base 100% de cellulose) et j’ai senti une odeur chimique, est-ce çà qui a perturbé mon bain d’argent?
J’ai donc cogité pendant plusieurs jours, laissant sur ma table pour une durée indéterminée veaux, vaches cochons, un peu résigné. Puis plusieurs jours après, je me suis dit que ça ne pouvait venir que de mon développeur, j’ai alors fabriqué un ultime révélateur : sans sucre et avec plus de sulfate de fer (en modifiant la teneur en sulfate de fer on accélère l’action du révélateur, privilégiant ainsi l’étendue des gris, mais au risque d’un voile) on ne sait jamais.
Et là tout a fonctionné à nouveau, une belle image est apparue, rapidement, bien contrastée avec de belles tonalités chaudes. Puis j’y ai rajouté du nitrate de potassium (salpêtre) censé rendre les blancs plus purs.
J’ai donc décidé de conserver cette formule afin d’avoir un rendu plutôt constant et homogène et qui correspond plus à ce que je désire en termes de contraste :
- 0,5L vinaigre blanc cristal
- 10gr sulfate de fer (au lieu de 4gr)
- 7ml alcool dénaturé 95%
- 2gr de nitrate de potassium
- sans sucre!
Objectif
J’avais auparavant trouvé un superbe objectif triplet de Cooke 457mm f/3,6 venant d’un opascope pour la chambre que j’avais réalisée.
Les résultats avec cet objectif me plaisaient mais à f/3,6, la pleine potentialité de cet objectif n’était pas atteinte, et j’étais sûr qu’en fermant un peu la pupille de sortie d’une valeur de diaphragme, cela allait améliorer grandement son piqué.
J’ai donc ajouté un diaphragme d’ouverture f/4,5 en carton (voir photo). Ce diaphragme (dont le cercle a été calculé selon la formule consacrée : diamètre=focale/ouverture) me permet aussi de corriger quelques aberrations chromatiques dues à la très grande ouverture relative, mais aussi permet d’obtenir un petit peu plus de profondeur de champ.
Puis, ces derniers temps, en fouinant sur leboncoin, j’ai réussi à trouver un épiscope à donner, une machine énorme en métal de plusieurs dizaines de kilos. Un petit bijou logeait à l’intérieur : un Leitz Wetzlar Epis 400mm f/4 !!! Avec son fût et sa platine. Ni une ni deux, dès la réception je l’ai monté sur ma chambre en lieu et place du 457mm et là…je découvre un autre monde.
C’est l’OBJECTIF qu’il me fallait pour le portrait. Un piqué et une douceur dans le flou incomparables, pas étonnant que quelques grands photographes collodionistes en aient équipé leur chambre! C’est également un triplet de Cooke d’une grande qualité comme vous allez le voir!
Les quelques portrait de mes 2 filles réalisés avec cet Epis présagent du meilleur, et la focale (équivalent à un 80mm) est vraiment idéale.
Eclairages
Jusqu’à présent, mon studio était composé de :
- 1 boite à lumière BALCAR à tubes néon fluo 6500°k équivalent à 1000w environ
- 2 spots équipés de lampes 35w ECO 6500°k
- 1 reflecteur
Aujourd’hui j’y ai rajouté 2 softbox Neewer chacune équipée de 4 lampes ECO de 45w, le tout me donnant une puissance effective de 1600w. Les box font 50x70cm et sont équipées de diffuseurs. l’ensemble est de moyenne qualité (surtout les tissus) mais pour le prix (80euros) que demander de plus? Ce n’est même pas le prix des 8 ampoules !! J’ai placé le BALCAR juste au dessus de la tête en plongée et un réflecteur argenté vient renvoyer toute cette lumière vers le bas du visages et adoucir et déboucher les ombres crées par le BALCAR.
Ces 2 softbox me servent d’éclairage principal (avec possibilité de choisir pleine ou demi puissance, ça c’est bien!), et mes 2 spots 35w viennent éclairer les cheveux et/ou le fond. Bien sûr je suis loin derrière la qualité d’un éclairage HMI! D’ailleurs je vous conseille d’aller sur le site d’Alex Timmermans, il a réalisé un test des différents types d’éclairages, très instructif! J’ai complété ce setup par des rideaux occultants gris/pourpres. Le studio commence à ressembler à quelque chose!
Et voici le résultat avec l’Epis 400mm f/4 leitz :
Ambrotypes réalisés avec un collodion vieux d’1 mois, et développés 30-40 secondes avec ma nouvelle formule de développeur citée plus haut.
Disclaimer : mes prises de vues, mes conseils et mes expérimentations n’engagent que moi. Ces articles me sont d’abord à titre personnel, d’une grande utilité. Je suis assez scrupuleux sur mes écrits. Je vérifie et cite quand il se doit mes sources…malgré tout il peut subsister quelques erreurs notamment sur la science de l’optique et de la couleur, car rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Pour conclure, je partage juste mon expérience personnelle, mes impressions et mes expérimentations. Si elles peuvent servir aux lecteurs, j’en serai heureux! J’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. |
Comme quoi, le régime sans sucre, c’est profitable même à la photographie !!!…
Reçu mes 2 softbox Amzdeal en même temps que toi avec les Neewer. Chaque ampoule donnée pour un équivalent 1124W… J’ai qq doutes, il faudrait tester à la cellule… mais pour le prix, on se contentera de ce que ça donne ! 😉
L’Epis magnifie littéralement les portraits, avec un piqué renouvelé… C’est le « numérique » du collodion, fais gaffe !!! 🙂
Yep, le sucre ça fait grossir…le temps de développement! Je doute également qu’une seule ampoule équivale à 1124w, d’ailleurs c’est l’équivalence en consommation watt dont il est question. Pour comparer 2 éclairages il est il question plutôt de lumen ou de lux et là à mon avis on équivaut pas à une puissance de 1124w!
https://www.lampesdirect.fr/blog/lm-lumen-lx-lux/